La fugue est un comportement inquiétant et frustrant pour tout propriétaire de chien. Qu’il s’agisse d’un chien qui rentre chaque jour ou de celui qui ne revient pas, cette tendance à s’échapper du foyer comporte de nombreux dangers. Cependant, avec les bonnes approches, il est possible de comprendre les motivations du chien qui fugue et de mettre en place des solutions efficaces pour les prévenir.
Dans cet article approfondi, nous explorerons les différents profils de chiens qui fuguent, analyserons les causes potentielles de ce comportement, et vous fournirons une panoplie de conseils pratiques pour endiguer ce problème. Que votre compagnon soit un aventurier invétéré ou un chien anxieux, vous trouverez ici les clés pour garder votre animal en sécurité et préserver la tranquillité de votre foyer.
Quel type de chien fugueur avez-vous ?
Avant de se pencher sur les solutions, il est essentiel de bien cerner ce qu’est un chien fugueur. Comme souvent en éducation canine, un même comportement peut avoir plusieurs origines. En ce sens, il est essentiel d’apporter des solutions adaptées aux troubles comportementaux décelés pour les résoudre et non pas les empirer. Concernant le chien qui fugue, on peut en distinguer deux catégories principales :
Le chien qui fugue mais qui revient
Ces chiens s’échappent de leur territoire de manière récurrente, mais finissent toujours par revenir d’eux-mêmes au domicile. Bien que moins dangereux que les seconds, ces départs répétés peuvent être source d’inquiétude et de frustration pour le propriétaire.
Le chien qui fugue mais revient a souvent une motivation forte et unique : il part pour répondre à un besoin et revient de lui-même une fois ce dernier comblé. Il connait son environnement et les itinéraires entre son domicile et sa destination.
Ce type de chien qui fugue peut aussi estimer que son territoire est plus grand que celui admis par ses humains : il va naturellement s’établir un territoire à l’échelle de la rue ou du quartier, rarement davantage, mais assez pour être perdu de vue et être hors de portée de voix.
Le chien qui ne revient pas
Plus préoccupants, ces chiens fuient et ne regagnent pas leur foyer, nécessitant souvent l’intervention de tiers pour être retrouvés, parfois à des kilomètres de leur domicile. Ils s’exposent alors à de nombreux risques, comme les accidents, les blessures ou les agressions par d’autres animaux.
C’est ce type de fugue qui est le plus répandu et qui, malheureusement, est le plus dangereux. L’itinéraire du chien est plus chaotique, l’animal maitrise moins son environnement et ses pièges et risque donc de se blesser ou de blesser les autres.
Ce type de chien qui fugue est souvent symptomatique d’un chien qui souffre d’un manque dans son quotidien bien que ce ne soit pas une règle absolue, de nombreux contre-exemple existent. Parfois même, le chien reviendrait, s’il en avait la possibilité. Cependant, par manque de temps pour trouver la ressource qu’il cherche, après s’être perdu ou du fait d’avoir été récupéré par un riverain, il ne peut rentrer de lui-même.
Pourquoi votre chien fugue-t-il et quelle solution apporter ?
De nombreux facteurs peuvent pousser un chien à s’échapper de son territoire. Voici les principales raisons identifiées :
L’ennui et le manque d’activité
Un chien laissé seul de manière trop fréquente, sans possibilité d’interactions sociales ou de dépenses physiques, peut développer un ennui profond. La fugue devient alors un moyen de partir à la recherche de stimulations et de compagnie. Je m’ennuie chez moi -> Je vais chercher la stimulation ailleurs.
Comme nous le disions dans l’article sur les besoins quotidiens du chien, il doit avoir une activité quotidienne pour être bien dans ses pattes. A défaut, il ne vous fait plus confiance pour prendre soin de lui et prend lui même les choses en main en quittant son foyer.
- La solution est simple : un chien qui fugue par ennui n’a besoin que d’une chose, vous ! Ré-introduisez des promenades, des séances de jeu, apprenez lui de nouvelles choses, stimulez-le au mieux et profitez ensemble pour qu’il reprenne confiance en vous et voit moins d’attrait en le monde extérieur.
La quête d’un partenaire sexuel
Les chiens non stérilisés, mâles comme femelles, peuvent être tentés de s’évader pour trouver un congénère avec lequel se reproduire. L’attrait des phéromones et de l’instinct de reproduction est alors très puissant et le chien peut perdre le contrôle de lui-même.
Ce comportement est tout à fait normal : les animaux sont génétiquement programmés pour être ultra-sensibles aux hormones, notamment liées à la reproduction. C’est un comportement inné mais avec un travail sur le respect des limites de votre propriété, le chien peut tout à fait cesser de fuguer pour rechercher un partenaire.
- La solution : travaillez activement sur le respect des limites de votre propriété, seul ou avec un éducateur canin, pour que le besoin de reproduction de votre chien passe après sa volonté de respecter les limites.
La stérilisation est souvent recommandée dans le cas du chien qui fugue pour se reproduire, notamment sur internet. Seulement, sur le terrain, peu de vétérinaires la recommanderont. Pourquoi ? Il semble que si la stérilisation (pour les mâles comme les femelles) n’intervient pas assez tôt, le chien restera sensible à vie à ces hormones. Ainsi, une stérilisation après l’apparition de troubles de comportement liés à la reproduction n’aura que très peu d’impact. Il convient donc de privilégier la thérapie comportementale pour ne pas imposer au chien une opération chirurgicale dont il n’a pas besoin. Pour autant, seul le vétérinaire qui suit habituellement votre chien aura toutes les cartes en main pour vous aider à décider sur ce point.
Un chien qui fugue à cause de la faim
Parfois, une ration alimentaire insuffisante ou peu adaptée aux besoins du chien peut le pousser à fuir pour trouver de quoi se nourrir, notamment dans les poubelles, dans les basses-cours voisine ou dans des espaces naturels par la chasse.
Cette situation est aujourd’hui assez rare et heureusement mais pas impossible. Parfois, une simple erreur de lecture du dosage de croquettes recommandé par le fabricant nous amène à sous-nourrir le chien. Parfois-même, c’est la marque de croquette elle-même qui a conçu une croquette qui n’est pas assez nutritive et donc, quelque soit le dosage, le chien souffrira toujours d’une carence.
- La solution : Consultez votre vétérinaire pour choisir une alimentation de qualité, que ce soit sous forme de croquette, ration ménagère, pâtée,… Seul le vétérinaire peut vous informer à raison sur ce point. Veillez à respecter ses recommandations et nourrir le chien en quantité suffisante. Parfois, votre vétérinaire pourra vous recommander de donner la ration quotidienne en 2 voire 3 fois chaque jour, pour éviter au chien d’avoir faim trop longtemps. Dans ce cas, moins de faim = moins de fugues.
Le manque d’activité physique intense et d’aventure
Certaines races ont un fort besoin de dépense physique et notamment d’activité intense. Cela va généralement de pair avec un fort besoin d’exploration du chien et de découverte. Ces chiens énergiques et pour une infime partie hyper-actifs et donc « malades » trouvent en la fugue la réponse ultime à leur besoin de dépense et d’exploration.
En effet, seuls dehors, ils peuvent courir à toute vitesse, sauter les clotures, renifler, poursuivre, … sans les freins imposés par une laisse, une longe ou la voix de leur maitre. Ils sont donc parfaitement contents de se sauver jusqu’à « exploser » émotionnellement et sont souvent retrouvés à des kilomètres de chez eux, complètement rincés et parfois même souffrant de coussinets blessés, d’éraflures, …
- La solution : Vous vous en doutez, rien de magique ici. Ce type de chien qui fugue n’a besoin que d’une chose : sortir et se dépenser avec vous ! Intégrez chaque jour des promenades stimulantes et des activités physiques intenses comme le canicross pour courir avec votre chien ou toute activité où il sera amené à évacuer son trop plein d’énergie quotidien.
Un territoire mal défini
Un chien peut aisément considérer son territoire comme plus étendu qu’il ne l’est réellement. Il cherchera alors à en repousser les limites, quitte à s’échapper. Cela arrive fréquemment en campagne, là où les limites des maisons et jardins n’ont pas de limites physiques. Le chien prend progressivement l’habitude d’aller plus loin, jusqu’à établir un territoire très vaste, bien au delà de la propriété de ses humains.
Dans ce cas, une clôture digne de ce nom peut suffire à poser une limite au territoire du chien qui l’acceptera généralement facilement passé une période d’adaptation. Pour faciliter les choses et si l’installation d’une clôture physique n’est pas possible, un travail d’apprentissage des limites peut être entrepris et donner d’excellents résultats.
- La solution : pour le chien qui fugue sans fuguer puisque pour lui, il reste dans les limites de son territoire, il convient de redéfinir des limites. Ces limites peuvent être physiques (clôture / barrière), visuelles (lisière d’un champs, trottoir,…) ou simplement distancielles (30m autour de la maison par exemple). C’est un travail d’apprentissage très spécifique qui ne demande qu’un peu de temps et un chien assez stable pour respecter ces limites en toute autonomie au quotidien.
La fugue du chien par peur ou phobie
Des bruits forts dûs à la chasse ou aux feux d’artifice, des fêtes bruyantes ou d’autres sources de stress peuvent effrayer un chien et le pousser à fuir son environnement familier pour trouver refuge ailleurs. Il ne fait pas confiance à son foyer pendant ce laps de temps et cherche donc à fuir loin mais temporairement en fuguant.
Ce type de fugue peut également survenir dans le cas de maitres abusifs. Prenons un exemple : un maitre violent (même de manière passive d’ailleurs) chaque fois qu’il rentre du travail car il constate que son chien a uriné ou détruit quelque chose devient une peur pour le chien. Le chien fugue alors en l’absence du maitre pour ne pas être là son retour et éviter la situation conflictuelle, tout simplement.
- La solution : Dans le premier cas, il convient de familiariser le chien aux bruits et stimulations qui lui font peur dans un contexte que l’on maitrise : bruits progressifs, volume bas dans un premier temps, … De sorte à ce qu’il les connaisse et les accepte sans entreprendre de comportements aussi excessifs que la fugue.
Dans le second cas : il faut identifier la peur qu’a le chien vis-à-vis de son foyer, la personne ou le moment qu’il redoute. On supprimera complètement cette stimulation négative dès que possible et on entreprendra un travail comportemental pour que le chien vive à nouveau ce contact ou moment de la journée comme quelque chose de positif, malgré les traumatismes passés. Évidemment, tout acte de violence physique ou psychologique sur le chien doit cesser immédiatement et n’aurait jamais du apparaitre dans sa vie.
Le vieillissement et la désorientation
Chez les chiens âgés ou malades, les troubles cognitifs liés au vieillissement ou à la maladie peuvent entraîner une désorganisation spatiale et temporelle, rendant la compréhension des limites de son territoire et le retour au domicile difficile.
Aussi triste que cela puisse être, le chien n’a ici pas l’intention de fuguer. Son trouble l’emmène simplement, dans un confusion totale ou partielle, à s’éloigner de chez lui et se perdre à l’extérieur. Il convient ici d’accompagner le chien au mieux pour assurer sa sécurité au quotidien. Ici, la thérapie comportementale peut avoir des limites, le chien étant confus et ayant supposément, par le passé, parfaitement intégré les limites.
- La solution : Il convient d’abord de réaliser un diagnostic chez le vétérinaire pour confirmer que le comportement de fugue est bien lié à une maladie et se distingue bien d’un défaut d’apprentissage ou de toute autre cause. Le vétérinaire pourra ainsi établir une prescription adaptée qui, couplée à la mise en place de barrières physiques, permettra au chien de rester en sécurité dans son foyer.
Adopter la bonne attitude face à la fugue du chien
Quelle que soit la raison de la fugue de votre chien, votre réaction doit toujours être positive à son retour. Voici quelques principes à suivre :
Ne jamais punir un chien qui revient
Ne réprimandez jamais votre chien lorsqu’il revient. Punir un chien qui fugue le dissuaderait de rentrer la prochaine fois. C’est donc la pire idée que vous pourriez avoir et il convient de ne jamais céder à la colère.
Cela vaut également lorsque vous allez le chercher à la fourrière, chez un particulier qui l’aurait récupéré ou si vous le retrouvez vous-même durant vos recherches. Le punir, vous fâcher, crier… Sont des attitudes à proscrire qui ne pousseront votre chien qu’à aller plus loin et partir plus longtemps à la prochaine fugue.
Récompensez-le à son retour
Faites des retrouvailles le meilleur moment de la fugue ! Le chien apprendra ainsi à revenir le plus rapidement possible s’il venait à nouveau à céder à son besoin de se sauver. Félicitations vocales, caresses, nourriture, jeu… Tout est permis.
Cela vaut autant lorsque le chien revient de lui-même ou si vos retrouvailles se font hors du domicile (fourrière, refuge, chez un particulier qui l’aurait récupéré, dans la rue, …). En valorisant vos retrouvailles, le chien valorisera le fait de rester chez lui et d’être avec vous plutôt qu’aller fureter on-ne-sais-où.
Renforcer l’éducation et le lien avec votre chien
Dès le plus jeune âge, assurez-vous que votre chien intègre bien les limites de son territoire et apprenne à vous considérer comme un référent qui lui inspire confiance et réconfort. Renforcez lien affectif qui vous unit au travers d’un quotidien riche entre vous : promenades, jeux, cani-sport…
Travaillez activement au respect des limites de votre propriété avec un éducateur canin si nécessaire. De plus, faites en sorte que votre chien préfère rester chez vous en y créant un environnement très positif plutôt qu’il ne préfère aller seul dans la rue pour se stimuler !
Stimulez votre chien
Offrez à votre chien de nombreuses opportunités de dépenser son énergie et, dans l’ensemble, de répondre à tous ses besoins au quotidien : promenades régulières, jeux, interactions sociales… Cela limitera grandement ses velléités de fugue.
Un chien épanouï est un chien qui n’a pas besoin de se sauver et d’aller chercher le bonheur ailleurs. En prenant soin de votre chien et en répondant vous-même directement à ses besoins, vous vous assurez qu’il n’aura jamais besoin d’y répondre par lui-même.
Sécuriser efficacement les issues
Le chien qui fugue exploite souvent une faille dans la clôture de votre jardin. La plupart du temps, il se contente de sauter le portail ou la clôture si celle-ci est à sa portée. Dans d’autres cas, il creusera, arrachera la clôture, profitera d’un trou, …
Investissez quelques dizaines d’euros dans une clôture efficace. Doublée à un travail comportemental soigneusement mis en place, votre chien n’aura plus le besoin de se sauver et n’aura ainsi plus envie de chercher la faille dans la clôture de son terrain.
Travaillez le réflexe de fugue de votre chien
La fugue est un problème de comportement très courant chez le chien. Comme nous l’avons vu plus haut, les causes sont multiples mais se recoupent en un point : le chien qui fugue cherche à assouvir un de ses besoins primaires.
En éducation canine, on peut tout obtenir : il convient d’apprendre au chien que pour répondre à ses besoins, de meilleurs comportements sont attendus. Ce qu’on appelle généralement le « plan B » proposé au chien par l’humain.
Nous vous recommandons ici de faire appel à un éducateur canin pour non seulement déterminer au mieux la cause de la fugue de votre chien et la réponse à y apporter.
Pensez à l’identification pour les chiens fugueurs
L’identification de votre chien, obligatoire en France, est un atout majeur en cas de fugue. Elle augmente considérablement les chances de le retrouver.
L’importance de l’identification
Selon une étude, 81% des chiens identifiés sont retrouvés, contre seulement 59% pour ceux qui ne le sont pas. L’identification du chien se fait chez le vétérinaire. Fut-un temps par un tatouage dans l’oreille mais aujourd’hui, l’injection d’une puce électronique sous-cutanée est privilégiée.
L’identification est associée à un carnet de suivi du chien et souvent à un passeport européen. Elle est réalisée automatiquement dans les refuges type SPA, dans les élevages canins ou par les propriétaires de chiens lorsque ceux-ci arrivent dans leur foyer.
Les informations à fournir
Assurez-vous que les coordonnées liées à l’identification de votre chien (numéro de téléphone, adresse, etc.) sont toujours à jour. Cela facilitera grandement son retour en cas de fugue.
Le Registre I-CAD
En France, le fichier national I-CAD recense tous les animaux identifiés. En cas de disparition, vous pouvez y signaler votre chien pour aider à sa recherche.
L’identification est la première étape pour sécuriser votre chien. Associée aux autres mesures, elle constitue un moyen efficace de prévenir les fugues.
Mettez une médaille à votre chien qui fugue
En plus de l’identification I-CAD, nous vous recommandons vivement de mettre une médaille sur le collier de votre chien. Cette médaille peut reprendre des informations basiques, simples mais efficaces pour retrouver le chien :
- Le nom du chien
- Votre numéro de téléphone
Certaines médailles sont également conçues de sorte à indiquer l’adresse du foyer du chien. Ainsi, toute personne (particulier, service de voirie municipale, vétérinaire, …) qui récupère le chien est en mesure de contacter rapidement le propriétaire du chien et lui indiquer sa position.
Ce conseil vaut pour tous les chiens, même ceux qui ne sont pas fugueurs : un accident est vite arrivé et même les chiens qui ne se séparent jamais de leur maitre peuvent, un jour ou l’autre, s’en retrouver éloignés, se perdre, … La médaille est un moyen simple, efficace et pas cher pour permettre de retrouver un chien perdu rapidement.
Un chien qui fugue n’est pas une fatalité !
La fugue est un comportement inquiétant qui expose votre chien à de nombreux dangers. Cependant, en comprenant les causes de ce problème et en mettant en place les solutions adaptées, vous pouvez prévenir efficacement ces évasions.
Renforcement de l’éducation, sécurisation du territoire, suivi vétérinaire et surtout réponse quotidienne aux besoins du chien sont autant de stratégies qui s’offrent à vous pour garder votre compagnon en sécurité.
Soyez vigilant, faites preuve de bienveillance envers votre chien et n’hésitez pas à faire appel à des professionnels si nécessaire. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que les fugues appartiennent au passé.
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